[ Fausse batterie pour alimentation externe ]
L'alimentation en continue d'appareils, notamment d'appareils photos, peut se montrer problématique si ceux-ci n'ont pas de prise prévue pour une alimentation externe. La solution est alors de substituer la batterie par une "fausse batterie" reliée à une alimentation externe.
Malheureusement, ce n'est pas toujours aussi simple.

Par exemple quand on alimente certains appareils photo directement avec une alimentation via les bornes prévues pour la batterie, on a de fortes chances d'avoir un message de ce genre :
"Cette batterie ne peut pas être utilisée"
"Batterie non compatible"
Mais tout n'est pas désespéré pour autant, car il est souvent facile de contourner ce blocage.
Alimentation externe d'un appareil photo Lumix DMC-FZ200

Le cas étudié ici est un modèle particulier de bridge dépourvu de prise d'alimentation, mais le principe reste le même pour d'autres modèles (compacts notamment), et peut-être aussi pour d'autres marques ou d'autres types d'appareils. Bien sûr, tout ceci est à essayer à vos risques ! Je ne garantis rien...
Le problème vient donc de la "non reconnaissance" de la batterie. Au début, j'ai eu peur qu'elle intègre un circuit "d'identité" (en 1-Wire). Le genre de mesquinerie minable à la mode qui empêche d'utiliser des accessoires de marques non "agréées". Mais Panasonic ne fait pas partie (pour l'instant ?) de ces margoulins.
Le connecteur interne de l'appareil photo et celui de la batterie possèdent 4 broches, et le marquage de la batterie donne les informations suivantes :
+ (+7,2V)
T (Thermo)
D (Datas / ID batt)
− (masse commune)
Un coup d'oeil au "service manual" de l'appareil photo confirme que la broche D (data) n'est reliée à rien en interne (au moins dans l'appareil). Seule la borne T (Thermo) est connectée, reliée en l'occurrence à une thermistance (CTN) dans la batterie et référencée au commun " − ". Coté appareil photo, une résistance de pull-up forme un diviseur de tension qui alimente un convertisseur ADC. Ce circuit permet de connaître la température interne de la batterie. Si c'est primordial pour le rechargement, c'est une sécurité supplémentaire pour l'appareil.
[ Au passage, cherchez dans un moteur de recherche le modèle de votre appareil suivi de "service manual", vous trouverez peut-être votre bonheur. Mais méfiance avec les sites qui demandent de s'inscrire pour n'avoir... rien au final si ce n'est du spam ! ]
Il est donc très simple de faire croire à l'appareil photo que c'est une batterie qui l'alimente (et à température "normale" qui plus est) en plaçant simplement entre la borne "T" et " − " une résistance de 10kΩ (valeur de la thermistance à température ambiante). Cette valeur de 10kΩ semble très courante sur plusieurs modèles de batteries (Lumix, et d'autres marques aussi). Si la thermistance n'est pas obligatoire pour une alimentation externe, elle rajoute cependant une protection intéressante.
Venons-en à l'adaptateur lui-même. Le but est de créer une fausse batterie. Mon matériau de choix pour ce genre de bidouilles est l'époxy double face (FR4), autrement dit : du circuit imprimé ! L'assemblage se fait simplement par des points de soudure sur le cuivre nu.


La face avec le connecteur est gravée comme un circuit imprimé normal sur une seule face, avec des pastilles pour relier le cordon d'alimentation et intégrer une thermistance ou une résistance leurre (au choix). Le dos lui est conservé avec le cuivre nu pour permettre les soudures d'assemblage. Pensez bien à faire des chanfreins (fraisures) sur le cuivre pour éviter tout court-circuit au niveau des passages des fils.
Soudez une thermistance de 10kΩ (à 20°C) entre la borne T et le −, ou bien une résistance de 10kΩ.
Pensez aussi à faire l'encoche de détrompage dans l'angle avant de commencer à assembler le tout (à la scie ou à la lime).
Le plus simple est de commencer par les 4 petits cotés, en vérifiant bien l'équerre de tous les angles. L'assemblage se fait d'abord par deux petits points de soudure qui seront faciles à réchauffer pour corriger les positions et les angles. Un fer à souder avec une bonne inertie thermique facilite l'opération.

J'en ai profité pour teinter au marqueur noir l'époxy en le frottant préalablement à la laine d'acier. Une fois rugueux (ou rayé), le marqueur tient "à peu près". Un dernier passage à la laine d'acier permet de faire réapparaître le cuivre nu. Pensez à le faire avant l'assemblage, c'est plus facile ! (Astuce sympa au passage pour faire des marquages ou des étiquettes !)
Soudez les deux petites traverses sur un des grands cotés avant de souder le grand coté lui-même.
Comme le DMC-FZ200 est prévu d'origine pour être alimenté par le secteur via une batterie de substitution, l'appareil possède une trappe pour le passage de câble. Si ce n'est pas le cas sur votre appareil, ou bien vous devrez laisser la trappe batterie ouverte, ou bien vous devrez modifier votre appareil pour faire sortir le câble sans le pincer.
Le raccordement électrique se fera sur un bloc d'alimentation externe de tension un peu plus élevée que la batterie d'origine, pour donner l'impression d'une batterie chargée. Maximum 4,2V pour une batterie de 3,7V, ou encore 8,4V pour une de 7,2V. Parfois la plaque signalétique ou le mode d'emploi donnent la tension d'alimentation et le courant consommé par l'appareil.
Faites très attention à la polarité et à la tension appliquée (volts), tout en gardant assez de marge en courant (ampères).

J'utilise dans mon cas un bloc secteur à découpage de 8,4V provenant d'une vieille caméra vidéo. Au début, j'avais pensé intégrer un régulateur linéaire (LM317) dans le corps même de la fausse batterie, mais ce genre de montage génère beaucoup trop de chaleur pour être viable dans un si petit espace. Cette solution peut quand même s'envisager dans un boîtier externe avec un bon dissipateur. Sinon, un petit convertisseur à découpage (buck) pourra aussi faire l'affaire.
- - Attention - -
Contrôlez bien la polarité et la tension à appliquer à l'appareil. Je ne pourrais être tenu pour responsable en cas de détérioration. Ce genre de bricolage est à vos risques et sans garantie.
Protégez-vous de la poussière lors du travail des circuits imprimés. Les matériaux des plaques, notamment l'époxy et la fibre de verre, créent une poussière dangereuse.